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Assistants vocaux & IA : la nouvelle donne du e-commerce ?

Ça y est, c’est parti ! La France va à son tour voir débouler quantité d’assistants vocaux prétendant améliorer notre quotidien. Vous, vous pensez que ce n’est encore qu’un de ces gadgets qui ne vous concernent pas et dont vous n’avez pas besoin ?

Peut-être…Peut-être en effet. Comme nous avons pensé en 1990 qu’un ordinateur personnel n’aurait jamais sa place dans notre domicile, en 1995 qu’Internet n’avait aucune utilité pour nous et comme nous avons trouvé stupide en 2005 d’envisager faire autre chose que téléphoner avec un téléphone mobile.

Alors, pensez-vous vraiment qu’aucun assistant vocal ne rentrera dans votre foyer dans les années à venir ? Amazon, Google et Apple font le pari inverse.

Les assistants vocaux entrent dans votre maison

En France, Google a ouvert le bal en sortant l’automne dernier son Google Home : une enceinte intelligente destinée à votre salon ou à votre cuisine. Cela nous permet enfin, dans l’Hexagone, de comprendre cette tendance insufflée par

Amazon aux Etats-Unis depuis 2014 en sortant Echo, un cylindre aux allures d’enceinte bluetooth dont le cerveau se nomme « Alexa ». Alexa mûrit donc loin de nos oreilles depuis quatre ans, offrant aux nord-américains[1] accès à une palette de services accessibles de façon purement vocale. Aujourd’hui, plus de 26 000 services[2] sont déjà accessibles à un utilisateur américain ! C’est ce tsunami là que la France va maintenant voir s’abattre[3] sur son territoire…

Quand certains ne voient dans l’accès vocal qu’une nouvelle méthode d’interaction avec les services de l’Internet, d’autres pensent que son impact va être beaucoup plus profond en redistribuant les cartes du e-commerce et de l’Internet, en modifiant nos pratiques.

Quand vous utilisez aujourd’hui les services d’une application mobile, c’est d’abord parce que son fournisseur a dépensé beaucoup en marketing pour en faire la promotion pour que vous en appreniez l’existence. Puis vous avez dû prendre le temps de télécharger cette application et d’y créer un compte, lui confiant ainsi vos informations personnelles, voire votre numéro de carte de crédit. Enfin, l’usage de l’application a dû vous satisfaire suffisamment pour que vous décidiez de la conserver et de l’utiliser. Si cette application est destinée à vous faire livrer ponctuellement une pizza, cela fait beaucoup d’efforts pour un bénéfice limité, effort à renouveler pour tout autre service auquel vous souhaitez accéder : courses, banque, mobilité, parking, musique, baby-sitter, énergie, tourisme, …

L’intelligence artificielle commande vos pizzas

Avec un assistant vocal évolué, rien de tout cela. Vous désirez vous faire livrer une pizza ? Demandez-lui juste « Je voudrais une pizza… ». Aucune application à débusquer ni à installer, rien à savoir, rien à préparer, pas de compte à créer ni d’informations personnelles à disséminer, pas de carte bancaire à saisir.

C’est l’intelligence artificielle de l’assistant vocal qui se charge de trouver un magasin de pizzas susceptible de répondre à votre demande. Elle vous aide à préciser votre demande et à en organiser la livraison. Même le paiement est assuré par l’assistant vocal qui a centralisé l’ensemble de vos informations. Vous avez juste à exprimer votre besoin.

En rendant accessible à chacun l’intelligence artificielle de façon naturelle, l’usage de la voix court-circuite donc toute la chaîne liant classiquement les clients aux services et aux produits qu’ils consomment. C’est l’opérateur contrôlant cette intelligence artificielle qui devient maître de l’ensemble de la chaine économique.

Qui va-t-il être chez vous ? Google ? Amazon ? Apple (qui commercialise actuellement, lui, son «HomePod ») ?

Peut-être… Mais on peut aussi imaginer d’autres scénarios. Comme l’arrivée de nouveaux entrants profitant de cette rupture technologique pour proposer d’autres approches. Pourquoi pas, par exemple, un opérateur utilisant cette technologie pour revaloriser le commerce et les services de proximité ? On peut aisément imaginer qu’une commande passée à un assistant vocal soit livrée par la supérette du coin plutôt qu’elle vienne des entrepôts d’Amazon.

Peut-être l’avenir appartient-il dès lors aux commerçants et aux prestataires de services qui sont au pied de votre porte et dont certains géants américains ont cru pouvoir vous éloigner. Ce match-là mérite en tous cas certainement d’être joué : ses enjeux sont colossaux.

[1] Depuis 2017, Alexa est aussi disponible dans d’autres pays, dont l’Allemagne (an allemand) et le Royaume-Uni.
[2] https://www.voicebot.ai/amazon-echo-alexa-stats/
[3] Amazon a commencé à effectuer des tests de la version francophone d’Alexa en Février 2018.